Ma résolution pour 2021, de jouer davantage aux jeux vidéo, peut paraitre contre-intuitive. Les résolutions du Nouvel An servent habituellement à nous motiver à renforcer des habitudes et des comportements sains, mais « sain » n’est pas un adjectif qui nous vient forcément en tête lorsqu’on parle de jeux en ligne.
L’année dernière, comme beaucoup d’autres personnes pendant le confinement, j’ai découvert Animal Crossing de Nintendo. Ce monde magique offrant d’innombrables opportunités d’exploration et dans lequel il est possible de laisser libre cours à sa créativité m’a offert une parenthèse enchantée à l’heure où des restrictions plus sévères les unes que les autres étaient mises en place à travers le monde. En l’espace de quelques mois seulement, j’avais construit une nouvelle maison, une épicerie, rempli un musée de toute une variété de poissons, d’insectes et d’œuvres d’art classiques, et remboursé cinq prêts immobiliers avec les revenus que m’avaient procuré mes exploits en chasse, en cueillette, en artisanat, en horticulture, en sylviculture ou encore en vente de navets sur le marché.
J’avais exploré un archipel sans limites à la recherche d’autres villageois anthropomorphiques pour agrandir ma communauté virtuelle. J’avais accueilli et rendu visite à de vrais joueurs, et j’étais même intervenue lors de conférences professionnelles par l’intermédiaire de mon avatar. J’avais célébré des anniversaires et participé à des fêtes d’Halloween, de Noël et du Nouvel An, où la distanciation sociale n’était pas de mise (même si des masques virtuels étaient disponibles!).
Une fête pour le Nouvel An sur Animal Crossing
Je ne suis pas la seule à avoir trouvé du bonheur et un sentiment de sécurité dans ce monde. Pendant cette année traumatisante pour nombre d’entre nous, les effets positifs d’Animal Crossing ont été présentés dans plusieurs articles et balados à travers le Web. « Animal Crossing n’est pas un moyen de fuir la réalité, c’est politique », pouvait-on lire dans le magazine The Atlantic, tandis que la réalisatrice de CBC radio, Olsy Sorokina, saluait le pouvoir déstressant de cet environnement ouvert.
La valeur éducative et les bienfaits sur la santé sociale et émotionnelle des jeux vidéo sont confirmés par des chercheurs canadiens et internationaux depuis longtemps maintenant. Regan Mandryk, chercheuse à l’Université de la Saskatchewan, souligne que même si d’autres médias peuvent alléger le stress par le détachement et la relaxation,
« ils ne nous donnent pas réellement la possibilité de maîtriser ou de contrôler les choses »
comme le font les jeux vidéo. Matthew Farber, chercheur affilié à l’UNESCO, a lui beaucoup écrit sur son travail auprès d’éducateurs et éducatrices visant à démontrer que les jeux vidéo peuvent transformer l’apprentissage des compétences sociales et émotionnelles.
« Tout comme les livres et les films, les jeux vidéo constituent un média puissant capable de bien plus que de donner des instructions mécaniques. Certains jeux, lorsqu’ils sont encadrés et contextualisés par des enseignants, peuvent aller jusqu’à transformer des élèves. »
L’apprentissage social et émotionnel (en anglais « Socio-Emotional Learning » ou SEL) fait référence au développement des compétences, capacités, valeurs et croyances essentielles à la réussite dans les domaines cognitifs, sociaux et émotionnels. Les jeux axés sur l’apprentissage social et émotionnel peuvent développer la concentration, la résilience, la capacité à gérer ses émotions et la réflexion critique d’un individu. Ils peuvent également renforcer l’empathie et la compassion, ainsi que la volonté et la capacité d’une personne à agir avec ces qualités.
Il est toutefois primordial de souligner que les jeux vidéo ne sont pas nécessairement conçus pour être éducatifs, c’est pourquoi les parents doivent surveiller la façon dont leurs enfants jouent et leur temps d’écran. Les meilleurs jeux vidéo sont habilement conçus autour de valeurs SEL et sont parfaitement adaptés à l’exploration des joueur·se·s de tous les âges. Il suffit d’observer comment ces enseignant·e·s avertis ont utilisé l’édition pédagogique de Minecraft dans leurs classes pour se rendre compte à quel point les possibilités ont évolué, notamment l’année dernière.
L’une des alternatives à la solution « bateau » (qui, je peux en attester en tant que parent, n’a jamais été facile) de limiter le temps de jeux de ses enfants, est de rejoindre plus fréquemment la partie. Trouver des adultes de confiance qui partagent l’enthousiasme de vos enfants pour les jeux vidéo, pour jouer avec eux, est aussi une solution. KCJ a longtemps soutenu les enfants pour qu’ils et elles créent leurs propres jeux vidéo, mais nous sommes plusieurs à avoir récemment découvert que le simple fait de jouer plus souvent à des jeux vidéo peut également avoir des bienfaits sur la santé émotionnelle et même neurologique. Kimberley Vircoe, responsable des ateliers Coder Créer Jouer sur la création de jeux vidéo, le confirme :
« En ce moment, je fais travailler mes neurones de différentes façons en jouant à des jeux vidéo, et j’adore ça. »
Récemment, le célèbre créateur de jeux de Nintendo Shigeru Miyamoto (Mario, The Legend of Zelda) a révélé quel type de limites il avait imposées à ses propres enfants lorsqu’ils étaient plus jeunes.
« Il est important que les parents essaient les jeux pour comprendre pourquoi leurs enfants ne peuvent pas s’arrêter avant d’avoir atteint le prochain point de sauvegarde, par exemple. »
Bien sûr, en tant qu’innovateur dans le secteur du jeu vidéo, les choses ont toujours été un peu différentes chez lui.
« Les consoles et tous les autres accessoires de jeux m’appartenaient et mes enfants avaient conscience qu’ils m’empruntaient ce matériel. S’ils ne respectaient pas les règles, alors nous nous étions mis d’accord sur le fait que je pouvais simplement reprendre ma console »
a-t-il expliqué en riant, avant de continuer :
« Quand il faisait beau, je les incitais toujours à aller jouer dehors. »
Vous souhaitez développer la créativité de vos enfants à travers la programmation de jeux vidéo? Inscrivez-les à l’un de nos ateliers virtuels où ils et elles pourront apprendre en s’amusant avec la plateforme de programmation Scratch!